La prostate
La prostate est une glande de la taille d’une châtaigne, située sous la vessie, enserrant l’urètre. La prostate a pour fonction de fabriquer des molécules indispensables au pouvoir fécondant du sperme et de le fluidifier.
La prostate est une glande qui tout au long de la vie est soumise à des périodes de croissance. Cette croissance est à l’origine d’une pathologie très commune au delà d’un certain âge, l’hyperplasie bénigne de la prostate, ou HBP, qui résulte de l’augmentation de volume de la prostate qui comprime alors l’urètre et provoque des troubles urinaires. Cette pathologie n’est pas un cancer ni un état pré-cancéreux.
Les androgènes et le récepteur des androgènes
Les androgènes, testostérone et dihydro-testostérone ou DHT sont les principales hormones mâles, produites essentiellement dans les testicules. Elles jouent un rôle essentiel dans la prostate.
Un mécanisme hormonal complexe, initié dans le cerveau, contrôle la synthèse de la testostérone.
Les androgènes exercent leur action en se liant très spécifiquement à un récepteur, à la façon d’une clef entrant dans une serrure. Une fois que les deux partenaires se sont liés, ils pénètrent dans le noyau de la cellule et se fixent sur l’ADN de certains gènes, ce qui déclenche l’expression ou l’extinction de leur expression.
Les gènes ainsi régulés codent pour des protéines impliquées dans de très nombreuses fonctions cellulaires, en particulier la division, la mort (apoptose), la migration ou les relations des cellules avec leur environnement. Tous ces gènes étant régulés par le récepteur des androgènes, celui-ci est considéré comme le chef d’orchestre ou le « maître-gène » dans la prostate.
Un des gènes régulés par le récepteur des androgènes est bien connu du fait de son utilité diagnostique, le PSA. Protéine exclusivement produite par la prostate, l’antigène spécifique de la prostate (Prostate Specific Antigen en anglais) est une enzyme qui est sécrétée dans le sperme pour le fluidifier et assurer la fertilité. Il est normalement indétectable dans le sang. Des pathologies bénignes, comme l’inflammation de la prostate ou l’HBP, ou des plus sérieuses, comme les cancers, augmentent la production de PSA qui devient alors mesurable dans le sang. Le PSA est un marqueur utilisé par les médecins pour dépister une pathologie prostatique et suivre l’efficacité d’un traitement.
Les cancers de la prostate
Les cancers de la prostate ne se déclenchent qu’exceptionnellement avant la cinquantaine. Au delà, le nombre d’individus atteints s’accroît avec l’âge. La maladie évolue d’autant plus lentement que le patient est âgé, de sorte qu’au delà de 75 ans, on décède plus souvent avec un cancer de la prostate que d’un cancer de la prostate. En fonction de l’âge, du degré d’avancement de la maladie, de l’état général du patient et en concertation avec lui, le clinicien choisit le ou les outils thérapeutiques les plus appropriés parmi la surveillance active, la chirurgie, la radiothérapie, la curiethérapie, l’hormonothérapie, la chimiothérapie.
Lorsqu’une tumeur de la prostate est localisée et de bas grade, le traitement standard est généralement une surveillance active, la chirurgie ou la radiothérapie. Le taux de PSA dans le sang est utilisé pour suivre l’évolution de la maladie. Il mesure l’activité du récepteur des androgènes dans les cellules.
L’hormonothérapie
Tout comme les cellules normales de la prostate, les cellules cancéreuses dépendent des androgènes pour leur multiplication et pour leur survie. La suppression des androgènes déclenche leur mort. Cette découverte fondamentale, qui a valu le prix Nobel à Charles Huggins en 1966, a permis de développer des traitements pour ces cancers.
Les tumeurs plus agressives sont généralement traitées par une ablation des androgènes ou par l’utilisation d’antagonistes des androgènes. Chez l’animal la suppression androgénique est obtenue par castration. Chez l’homme on donne des médicaments qui interfèrent avec la production des hormones dans les testicules ou des molécules dites antagonistes androgéniques qui empêchent la liaison de la testostérone à son récepteur. Ils bloquent l’activité du récepteur des androgènes ce qui se traduit par une diminution du taux de PSA et une régression ou une stabilisation de la masse tumorale.
Cependant, différentes mutations peuvent affecter le récepteur des androgènes. Le récepteur devient alors actif (c’est à dire qu’il régule ses gènes cibles), même en absence d’hormone. La maladie rechute, le PSA augmente de nouveau. Les traitements proposés aux patients sont des chimiothérapies que l’on donne également dans d’autres types de cancers.